Sans vouloir analyser dans le détail les nombreux évangiles et actes apocryphes il convient de rappeler que ceux-ci sont datés entre le 2ème et le 7èmè siècle ce qui leur enlève presque toute crédibilité quant au problème qui nous occupe. Bien sur tous ces écrits fourmillent de détails supplémentaires sur la vie de Jésus et viennent compléter à merveille les trous laissés par les textes canoniques. Mais justement dans le cas présent l'abondance de suppléments enlève encore un peu plus de crédibilité à l'histoire globale. On est pas étonné dans ces conditions du rejet dont ont été victimes ces textes de la part des pères de l'église tant les contradictions avec les textes du canon sont nombreuses. Mais ce que montrent avant tout ces textes c'est une certaine continuité dans le processus de création du mythe de telle sorte que ce fût à n'en pas douter une raison majeure pour les écarter.
On s'attachera dans ce qui suit à un résumé succinct des principaux évangiles apocryphes.
Dans cet évangile qui demeure un des apocryphes les plus connus l'auteur nous retrace la naissance de Marie dont la mère se prénomme Anna et le père Jérémie. Comme à maintes reprises dans la bible on a affaire à un couple qui ne peut pas avoir d'enfant et qui va néanmoins mettre au monde un fille grâce à l'intervention divine.
Celle-ci sera une " vierge du temple" et à seize ans sera confiée à Joseph (choisi parmi plusieurs prétendants grâce à un "signe").Puis on retrouve la compilation des évangiles synoptiques avec la visite de l'archange Gabriel, le recensement de l'empereur Auguste, le massacre des innocents ordonné par Hérode et la naissance de Jésus à Beethléem entouré des rois mages ,d'une sage-femme et de Salomé .Ces deux personnages inconnus des synoptiques ont pour but de témoigner de l'accouchement de Marie qui est encore vierge.
En conclusion cet évangile renforce comme nous l'avons déjà souligné le caractère mythique de l'histoire de la nativité sans apporter de détails qui pourraient cautionner une interprétation rationaliste .
Cet évangile qui daterait du deuxième siècle après J.C. ne fait que reprendre les récits des synoptiques relatifs à la Passion sans apporter là non plus de renseignement supplémentaire sur les circonstances ou sur les personnages des évangiles.
Cet évangile découvert à Nag-Hamadi en Egypte en 1945 se compose de citations de Jésus. On retrouve beaucoup de passages identiques aux Synoptiques (paraboles, sermons, béatitudes …).C'est un peu une compilation de l'enseignement de Jésus. Lui non plus ne nous apprend rien de plus sur la vie de Jésus. Il se pourrait que cet évangile soit un des documents les plus anciens et contemporain du fameux document Q mais toute datation demeure comme pour les synoptiques hasardeuse.
Ces évangiles ont pour but de nous renseigner sur la période de l'enfance et de la jeunesse de Jésus entre la Nativité et le Baptême du Jourdain. Le discours mythique touche ici à son apogée et les nombreux détails rapportés n'ont de toute évidence aucune valeur historique. Les prodiges de l'enfant Jésus commencent avec l'affirmation de sa véritable identité et de sa mission dès le berceau. Puis les prodiges succèdent aux prodiges:
- Guérisons miraculeuses de la part de Marie ou de Jésus
- Nombreux exorcismes de démons
- Intelligence précoce et "extraordinaire" de Jésus qui n'a nul besoin d'apprendre puisqu'il se montre plus savant que son maître.
- Le chapitre XXI contient une description sommaire des connaissances de Jésus en Astronomie et en Physique. Le moins que l'on puisse dire est que celles-ci quoiqu'apparemment nombreuses correspondent dans la description qui en est faite à celles de son époque et non à celles que devrait posséder le "créateur de toutes choses".
Parmi ces épîtres on citera les plus connues : L'épître de Barnabé, le Didache, le Pasteur d'Hermas , les deux lettres de Clément de Rome, la lettre de Polycarp,les épîtres d'Ignace.
Tous ces personnages ont en commun d'avoir vécu vers la fin du 1er siècle et le début du second. Leurs écrits sont considérés comme les témoignages chrétiens les plus anciens qui nous soient parvenus juste après les épîtres canoniques. Censés être postérieurs aux premiers évangiles (qui dateraient eux de 60 après J.C.) toutes ces lettres à l'exception de celles d'Ignace (cf. ci-dessous) partagent avec celles du canon (examinées plus haut) les points communs suivants:
- Il y est presque toujours question d'un Jésus Christ spirituel .
- Aucune allusion ne se rapporte à la vie "historique" de Jésus de Nazareth.
- Aucun détail des évangiles n'y est jamais mentionné (Ni les lieux saints ,ni Ponce Pilate, ni aucun des nombreux miracles accomplis par Jésus pendant son ministère.)
Ces textes écrits pour les premières communautés chrétiennes donnent toutes la même impression que celle que nous avons trouvée dans les épîtres Pauliniennes et les autres. Il y est presque exclusivement question de la foi dans un Christ spirituel, le fils du Père venu racheter les péchés des hommes; Aucune personne physique ayant vécu peu de temps auparavant n'est jamais associée à cet être spirituel qui évolue dans un autre monde que le monde terrestre. On ne peut qu'être d'accord avec E. Doherty pour dire que ce silence qui va se prolonger jusqu'au 2ème siècle est tout simplement incompréhensible et constitue en soi un argument de taille en faveur du paradigme mythique.
Pourtant à la différence des épîtres canoniques on commence à voir apparaître ici et là certaines allusions éphémères en liaison avec des éléments appartenant aux évangiles.
- Dans l'Epître de Barnabé il est question de "miracles" sans autre précision et du Christ venu dans la chair.
- Les Epîtres d'Ignace possèdent également quelques éléments nouveaux. On trouve par exemple dans l'épître aux habitants de Smyrne les premières références à la naissance virginale et à Ponce Pilate .Dans l'épître aux habitants de Philadelphie on trouve également une brève allusion à un "évangile". Ignace est ainsi le premier auteur chrétien à mentionner quelques éléments éparses des évangiles mais en passant toutefois sous silence l'essentiel de l'histoire.
Tout se passe donc comme si après un silence de plus de cinquante ans (entre la première épître Paulinienne et les lettres d'Ignace) on assistait à un timide début de transcription des premiers éléments d'un récit ou d'une tradition orale qui allait progressivement devenir les Evangiles tels que nous les connaissons. Peut-être les premiers récits de Marc ou de la communauté à l'origine du document Q commencent ils à circuler à cette époque ou bien sont ils en train d'être élaborés?
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